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Louise, l'atelier
1 mai 2007

Vertige du langage

Le langage ouvre des abîmes insoupçonnés en même temps qu'il a la capacité de "résilier", de tisser à nouveau ce qui aurait été auparavant déchiré, que les déchirures logent dans l'imaginaire, le symbolique ou le réel.

 

Le langage s'inscrit en fait dans un espace illimité, libre comme l'air, mais impraticable si rien ni personne ne viennent le cadrer pour en découdre avec la réalité des choses, des faits, des sentiments, des sensations, des émotions.
Autrement dit, ce sont les corps animés de tous les êtres parlants qui en créent et recréent les formes, à l'infini, avec ou sans (un minimum d') artifice.

Il est aussi varié, se décline en une multitude de langues, et se déploie dans le temps autant que dans l'espace.

 

En ce qui me concerne, il représente d'abord la liberté. Il est l'image même, le symbole de la liberté. Car du moment où je deviens un être parlant, je suis en capacité de nommer, de penser et de dire ce que je ressens ou pense.
                        Et je me demande, du coup, ce qui me procure ainsi l'ivresse : le langage ou la liberté...

Cependant, le langage peut être perçu et considéré autrement. Par exemple, comme un instrument de pouvoir. Et nul doute, d'ailleurs, qu'il en soit un. En effet, malheur à ceux qui ne le maîtrisent pas ou mal, qui ne savent pas s'exprimer correctement, en faire bon usage.
Malheur à ceux aussi qui ne savent pas en déjouer les roueries lorsqu'il les agressent, les piègent, voire les détruit, parce qu'utilisé a contrario, pour attaquer, nuire, prendre le pouvoir sur autrui, faire emprise, emprisonner.

Quoiqu'il en soit, nous n'en sommes jamais indemnes, et probablement utilisons-nous tous à certains moments, à plus ou moins bon escient, le langage comme instrument de pouvoir.
Est-ce un mal ? Non, bien sûr. Il faut bien dire. La question est alors celle plus globale du Pouvoir.

Le langage comme pouvoir pour accéder au pouvoir. Les démonstrations en sont évidemment particulièrement nombreuses en ces temps dangereux d'élection présidentielle, et il nous importe de savoir quels liens le langage et les discours entretiennent avec le pouvoir de ceux qui les profèrent, tout autant que de nous interroger sur le pouvoir qui sera par la suite exercé.

Nous votons en effet sur des actes, mais essentiellement également en fonction de discours. Comment sont construits ces discours ? Dans quelle mesure sont-ils pourvoyeurs de réalité, de fausseté, de sincérité, d'hypocrisies ?
Dans quelle mesure le langage est-il assujeti au pouvoir, et à quel pouvoir, c'est-à-dire dans quel but ?
Dans quelle mesure aussi les actes sont-ils dissociés (non-dits, dissimulés) ou faits au mépris du langage ?

L'on peut être parfois déçu du langage, regretter de ne pouvoir le rendre plus conforme à nos désirs, à nos pensées. Mais comment vivre sans langage(s), sans essayer encore et encore de se faire comprendre, de faire avec, de "vivre avec" ?

Quant à vouloir échapper au langage pour échapper au pouvoir, à la volonté de pouvoir, ce ne serait bien sûr qu'une illusion, ou un geste suicidaire qui équivaudrait à se taire. Se soustraire ainsi au pouvoir du langage n'est-il pas aussi lui laisser tout pouvoir ? Lui reconnaître une emprise totalitaire sur nous-même ?
Cela en outre ne changerait rien, mais au contraire laisserait les choses en un état dangereux.

Si le langage est un pouvoir, il est sans nul doute un pouvoir à partager, jusqu'au vertige, en faveur des êtres, pour la démocratie.

aphasie__d_tail_

Aphasie (détail). Huile sur toile.

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Commentaires
D
et tu filtres la critique? ma foi, je me suis peut être encore plantée.
D
"Le langage s'inscrit en fait dans un espace illimité, libre comme l'air, mais impraticable si rien ni personne ne viennent le cadrer pour en découdre avec la réalité des choses, des faits, des sentiments, des sensations, des émotions."<br /> <br /> Ouch! Le langage illimité?!<br /> Pas juste avec des mots et des concepts alors!<br /> Libre, l'expression linguistique? Elle qui met toute nos richesses dans des lettres-bâtons, petites cases rangées de façon maniaque dans des volumes de plus en plus complexes, dois-je ajouter élitistes?...<br /> 3 milliards, les analphabètes.<br /> (et encore, le chiffre date un peu)<br /> <br /> Ah! vous voulez toujours parler "réalité", la revendiquer et prouver que vous en jouissez du plus profonds de vos sueurs de vie, et pourtant vous la méconnaissez, vous la niez, vous la méprisez et pire encore, vous la combattez: "pour en découdre avec la réalité des choses, des faits, des sentiments, des sensations, des émotions." <br /> <br /> "Cadrer" les choses, comme ces "toiles" qui ne retiennent les pigments que sur des "formats" à "ptits coins"! <br /> Merde quoi! Tu viens faire la leçon aux mystificateurs quand bien même tu t'appropries le "pouvoir" du langage à ton tour, avec cette mollesse permissive envers toi même qui fini par rendre caduques les messages humains que tu cherches à faire partager.<br /> Démocratie? Ne fais pas l'innocente, si je te demande, là, maintenant si tu considères la démocratie comme une valeur sûre de vie paisible et équitable, ou comme un concept poudre-aux-yeux "travesti par des gueux pour exciter les sots", je sais ce que dira ton coeur, puisque j'ai bien reçu le message, et que de ton côté tu cherches le chemin.<br /> <br /> Pour finir, je n'aurai pas prit le temps de répondre si le "jeu" n'en valait pas la "chandelle", et en amie écoute ceci: arrête de faire comme on t'a dit de faire, ou tu ne trouveras qu'un ramassis d'ignorances qui te dégoûterons bien davantage que tous les mystificateurs réunis.<br /> <br /> Amicalement, "novembre, prend garde à toi!".
G
Louise,<br /> <br /> A propos de vertige<br /> le 16/o4 dans le Bazar de Cesar<br /> http://fourques.canalblog.com/archives/2007/05/08/index.html<br /> il est question de la "Montagne intéreure"<br /> <br /> en souvenir d'une rencontre au centre Teri<br /> <br /> amitiés<br /> <br /> Jean-Claude
M
Au détours de moi même, force est de constater qu'il y a décidemment plus de pancartes que de chemins. Ceci dit, je tombe au hasard de mes errances nocturnes sur ces pages sans visage mais si lourdes de sens. merci alors! Moi je ne suis qu'un petit gars, moins anonyme, plus bruyant, jeune dans mes façons, mais laisse moi te dire que j'aime tout simplement. Alors bon, avec le souçis de réaccorder au mot échange un peu du sens qu'il mérite, voici mes pages si le coeur t'en dit: http://marioworld.oldiblog.com/<br /> Merci mademoiselle, madame, toi. jul
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